La grande chanteuse et actrice Juliette Gréco est décédée mercredi 23 septembre à l’âge de 93 ans.
« Juliette Gréco est davantage qu'un nom. (…) Dans le cœur des foules d'Orient et d'Occident, elle est la plus grande depuis la disparition de Piaf. Elle a la beauté millénaire des chats et aussi leurs superbes silences peuplés de magie. » disait l’écrivain Louis Nucera. Car en effet, Juliette Gréco c’est une voix connue de tous, une interprète qui a enregistré des centaines de chansons à succès en France et à l’international, une actrice qui a joué pour Cocteau et Jean-Pierre Melville, le symbole d’une femme anticonformiste des années d’après-guerre.
Née en 1927 d’un père Corse et d’une mère bordelaise, elle est élevée par ses grands-parents maternels près de Bordeaux avant de monter à Paris rejoindre sa mère. Arrêtée par la Gestapo car sa mère faisait partie d’un réseau de Résistance, elle échappe à la Déportation en raison de son jeune âge et se retrouve seule à Paris, sans logis, sans revenu. Elle se réfugie chez son ancienne professeur de français, Hélène Duc, qui l’accueille chez elle, à St-Germain-des Près.
Juliette Gréco est alors aux premières loges du bouillonnement intellectuel parisien de l’Après-guerre. Elle fréquente Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et le groupe des existentialistes. Elle découvre Le Tabou rue Dauphine et décide d’utiliser la salle pour des réunions entre amis, où l’on parle musique, littérature et philosophie. Elle devient ainsi la muse de St-Germain-des-Prés.
Elle commence sa carrière musicale en 1949, au Bœuf sur le toit en interprétant des écrits par Jean-Paul Sartre ou encore Boris Vian. Dès 1951, elle gagne le prix SACEM pour Je hais les dimanches et seulement trois ans plus tard, elle chante pour la première fois à l’Olympia. C’est alors que sa carrière s’envole ; elle fait une tournée musicale aux Etats-Unis et commence une carrière d’actrice auprès de Jean Renoir, Jean-Pierre Melville ou encore Richard Fleischer.
Depuis lors, Juliette Gréco n’a cessé de chanter, de se produire en France et à l’étranger et de collaborer avec d’autres artistes : en 1966 elle partage notamment la scène du Palais Chaillot avec Georges Brassens. Dans les années 2000, elle chante aux côtés de Benjamin Biolay, elle enregistre Le Temps d’une chanson à New York avec un ensemble de jazz et est invitée par Ibrahim Maalouf sur la scène de l’Olympia. Elle tire sa révérence avec sa tournée internationale « Merci » achevée en 2016.
Après une carrière longue de plus de 70 ans, c’est une icône de la musique française qui s’est éteinte, en laissant derrière elle des centaines de titres à découvrir et redécouvrir.
Sources :
Blanckeman Bruno, Piazza Francoise, De Juliette à Gréco, Éditions Bartillat, 1994.
Combis Hélène, Mort de Juliette Gréco : "J’étais entièrement pourrie gâtée des choses les plus belles du monde", Franceculture, 23/09/2020.
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